L’arrivée de l’électricité, à l’époque de la Seconde
Guerre Mondiale, sonne le glas de tous ces systèmes d’éclairage
hétéroclites, plus ou moins fiables et plus ou moins pratiques, il faut
bien l’avouer. L’illumination générale des maisons par les lampes à
incandescence et les tubes fluorescents est, à mon avis, une excellente
chose.
Mais si la modernité fait fi de la poésie des lampes à pétrole, les
hommes, eux, préfèrent un dîner aux chandelles à un déjeuner sous les
néons ! |
Aujourd'hui
encore, les lampes à pétrole ou à essence trônent dans les appartements,
en général à titre d'objets décoratifs. Certaines reprennent du service
lors de rares coupures de courant.
Hélas, bien souvent les verres ne sont pas du tout ceux qui conviennent
aux becs, et on entend dire que la lampe fume et sent mauvais. Combien
de verres bombés de type Matador se retrouvent-ils sur des becs sans
disque à la place de cheminées étranglées (voir paragraphe sur le
pétrole) ? Un grand nombre, regardez autour de vous ! Utiliser un
mauvais type de verre revient à peu près à lire un vinyl 33 tours sur
une platine 45 tours !
Si vous voulez faire revivre vos lampes anciennes,
prenez garde !
Les
brocanteurs et antiquaires ne sont pas toujours de bon conseil :
certains vont confondre une lampe à pression à essence avec une lampe à
acétylène (carbure + eau) ! Si vous n'êtes pas sûr du carburant,
commencez d'abord par du pétrole. L'essence est très dangereuse, de même
que l'alcool dont la flamme est invisible de jour. Pour tous les types
de lampe à gaz (acétylène, essence, pétrole, gaz,...), contrôlez
l'étanchéité des joints en appliquant de l'eau savonneuse : de petites
bulles trahiront les fuites. Gardez toujours un chiffon humide à portée
de main, et ne laissez jamais une lampe sans surveillance. |
Avec
une lampe à acétylène, on ne peut pas arrêter la production de gaz :
il est indispensable de vérifier que le bec n'est pas bouché
(sinon c'est l'explosion) et que le goutte-à-goutte en est réellement
un. Si la flamme est fumeuse, c'est que l'orifice du bec est trop grand.
Un brûleur neuf de spéléo vous donnera
alors
une lumière magnifique.
Les lampes Pigeon brûlent de l'essence (le type A ou F vaut dans les 10
FF en grande surface) ; les becs à pétrole utilisent celui pour poële
portatif (dans les 6 FF le litre par 12 ou 20 litres) ; pour l'huile,
celles de colza et de noix (moins fluide mais plus lumineuse) se
trouvent facilement.Les ampoules électriques
anciennes sont souvent en 110-120 V, mais on en trouve de récentes
en 220 V (La Samaritaine à Paris, par exemple, en vend environ 80 FF).
Différentes façons de collectionner...
Certains
passionnés collectionnent les lampes anciennes, parfois sur un thème
bien précis (éclairage minier, lanternes à pression, etc.). Il y a les
partisans de la restauration complète, qui vont décabosser les
réservoirs, remplacer les pièces manquantes, polir parfaitement le
métal, et repeindre des pièces (qui souvent ne l'étaient pas à l'origine
ou avec une couleur différente - d'autant plus qu'on ne peut pas
retrouver l'aspect du neuf). Avec deux appareils de marques différentes,
ils vont en faire un hybride, mais complet. A l'opposé, il y a ceux qui
laissent les objets en l'état, sans même leur donner un coup de chiffon.
Personnellement, je me situe entre les deux, mais plutôt du côté des
seconds. Un bouchon Luxor sur une lanterne de vélo Apollo, avec un verre
bombé au lieu d'un plat, je dis non ! Je nettoie, je fais briller,
pour rendre à ces vénérables ancêtres leur splendeur, mais je ne
remplace pas les pièces par d'autres qui viennent d'ailleurs : ce qui en
résulterait ne serait plus représentatif du modèle original. Ceux qui le
font rétorquent qu'autrefois, de tels bricolages étaient courants. Ils
ont raison dans le sens où des bouchons de liège ou des soudures
n'étaient pas rares. Certains becs étaient aussi vendus seuls, à adapter
sur les pieds de lampes. Ceci dit, pour moi les bosses et les marques du
temps font partie du patrimoine...
Parallèlement, s'opposent ceux qui « amassent » et ne
s'intéressent qu'à l'aspect décoratif (tels cette collectionneuse de
lampes à modérateur en faïence qui ignorait tout de leur
fonctionnement), et ceux qui allument leurs becs dans le plus grand
respect des carburants, des types de cheminées, etc. On peut d'ailleurs
choisir, comme moi, de ne pas modifier ses lampes et de n'allumer que
celles en état de marche.
Bonnes flammes |