Mais
une autre forme d’éclairage, radicalement différente, menace le gaz et
le pétrole : l’électricité!
Avant 1880, seules étaient employées les lampes à arc
(voir Figure 35), très puissantes et émettant une lumière bleutée crue,
et par là-même réservées à l’illumination des places, des chantiers,
etc.
Il s'agit d'une étincelle qui porte à incandescence deux charbons
conducteurs : les deux sources de lumière s'ajoutent alors.
De nombreux systèmes de régulation servent à maintenir
constant l'espacement entre les deux électrodes. Quant à la fameuse
bougie de JABLOCKHOFF (brevetée en 1876 - voir Figure 36), il s'agit de
deux charbons parallèles et verticaux, rapprochés, et isolés exepté à
leur extrémité. La couche isolante se consume alors en même temps que le
carbone, et l'étincelle jaillit à l'extrémité des deux crayons. Les
régulateurs complexes deviennent alors superflus ! |
A
partir de cette date, EDISON invente et développe la lampe à
incandescence, en même temps que son concurrent SWAN.
Dans une ampoule de verre vidée d’air, le courant électrique passe dans
un fil de charbon, qui chauffé se met à briller (l’absence d’oxygène
l’empêche de se consumer). La lumière, de même couleur que celle d’une
flamme, est douce et agréable (voir Figures 37 & 38).
Edison sait commercialiser son invention, mais
surtout il développe le système de distribution électrique. Les douilles
des lampes s'adaptent parfaitement au pas des vis des becs de gaz, et
les fils peuvent emprunter les canalisations. |
Différentes solutions sont envisagées pour améliorer
l'efficacité des filaments. Vers 1900, NERST propose une lampe
constituée d'un bâton de magnésie ou d'oxydes réfractaires, qui chauffe
et brilmle vivement lorsqu'il est traversé par un courant électrique. On
retrouve le principe des lampes Drummond ou Auer. Mais pour amorcer la
conduction, il faut chauffer le bâton avec une allumette. Pas très
pratique ! Par la suite, les filaments
métalliques, en osmium (AUER en 1901) puis en tungstène (COOLIDGE en
1906) donnent toute leur puissance aux lampes à incandescence. Un double
spiralage du filament et un remplissage de l'ampoule par du gaz inerte
limitent les pertes de chaleur et améliorent encore le rendement et la
qualité de la lumière.
Il n’y a pas besoin d’être prolixe pour faire
comprendre tous les avantages de l’électricité : peu de chaleur dégagée,
plus d’allumette à craquer ; la lampe peut s’allumer et s’éteindre à
distance, sans aucune odeur ni dégagement de gaz carbonique ! Les fils
électriques et les prises sont plus souples et plus pratiques que les
tuyaux de gaz. A ses débuts, l’électricité possède alors une connotation
bourgeoise. |