LE PETROLE
Titusville, Pennsylvanie, 1859. L’industriel américain Edwin Drake entreprend le premier forage d’un puits de pétrole.
L’or noir jaillit. Commence alors l’exploitation à l’échelle industrielle de cette huile minérale volatile, dont, pendant près de vingt-cinq ans, pratiquement le seul produit de sa distillation à être utilisé sera le pétrole lampant. Cet événement allait complètement changer le mode d’éclairage domestique de nos aïeux. Petit à petit, les intérieurs du Second Empire s’agrémentent d’un nouvel objet inventé outre-Atlantique: la lampe à pétrole. Beaucoup moins dangereuse, plus éclairante et plus pratique que ses devancières brûlant de l’essence ou des huiles grasses, dont la combustion produit une épaisse fumée noire et malodorante, elle les a supplantées dans quasiment tous les foyers quand arrive la fin du siècle. Longtemps elle résistera à la concurrence de la lampe à incandescence dans le vide d’Edison apparue en 1881. Très longtemps même, puisque dans certaines de nos campagnes reculées sa flamme ne s’est définitivement éteinte qu’au début des années cinquante, hier. Des plus modestes aux plus cossues, toutes les demeures ont ainsi vécu à sa lumière pendant des décennies. Aussi fût-elle déclinée en une multitude de modèles, du plus sobre au petit chef-d’oeuvre d’art décoratif. C’est fou les idées de créations lumineuses que la lampe à pétrole a pu inspirer pour que de seulement utile elle devînt agréable objet d’ornement.
Lovée dans le réservoir comme un serpent au repos, la mèche engage sa tête dans le brûleur qui la coiffe. Dans sa version de loin la plus répandue parce que générant une meilleure luminosité, celui-ci est un brûleur à double courant d’air entraînant une mèche en forme de cylindre creux; c’est le système Argand, imaginé en 1784 par cet inventeur suisse pour perfectionner les lampes à huile et plus tard généralement adopté pour équiper celles à pétrole. Moins élaboré et moins performant est le brûleur à bec, dit .bec américain», utilisant une mèche plate. Quel que soit leur brûleur, toutes les lampes à pétrole fonctionnent sur le principe de la cheminée: le pétrole monte dans la mèche par capillarité et vient brûler au-dessus d’une chambre vide percée de trous pour le passage de l’air venant activer la combustion du pétrole. Pour régler l’intensité lumineuse que détermine la hauteur de la flamme et hisser la mèche à mesure qu’elle se consume, le brûleur est muni d’une clef Commandant un rouage denté mordant dans le tissu de la mèche. Maintenu dans la jolie couronne de dentelle, généralement en cuivre jaune ou en métal blanc, qui ceint le brûleur, le verre de lampe s’élève comme une cheminée. Parfois, il s’offre le luxe d’une parure qui habille sa base, souvent un globe décoré et gravé, une «tulipe» en cristal ciselé ou en verrerie émaillée jouant le rôle d’un abat- jour, mais renversé.
Et tout ce fragile échafaudage repose sur un pied, lourd pour assurer une parfaite stabilité. En bronze, fonte, marbre, onyx..., il adopte des formes très variées, parfois exubérantes, s’harmonise avec le réservoir pour donner à l’ensemble belle allure, dans le style et la tendance du moment.
Ludovic LEMOINE
FONCTIONNEMENT
Le fonctionnement de la lampe à pétrole simple ,la mèche trempe dans le liquide qui monte naturellement au brûleur par capillarité.
Le bec d’Argand, un peu modifié mais toujours avec un verre coudé, est conservé : c'est le bec Kosmos.
Plus tard, différents systèmes de becs à disque améliorent encore la circulation d’oxygène autour de la flamme. Le premier de ces systèmes consiste en un disque plat placé au-dessus de la flamme et maintenu par une tige verticale. Le verre est bombé et la flamme évasée gagne en luminosité. Le disque du bec Matador est percé de trous et maintenu par un cylindre vertical également percé, afin d'améliorer encore plus le mélange gaz/air. Citons également le bec Sebastian, au verre droit et au disque dont le diamètre est plus étroit. La flamme n'est pas évasée mais devient étirée en hauteur.
Les Britanniques et les Américains utilisent les becs américains, à une seule mèche plate entourées d’un verre bombé en forme de poire (qu'on retrouve dans les lampes-tempête.